" Cleantechs " : comment la France peut s'en sortir David Dornbusch, président de Cleantuesday
Lire l'article sur Alternatives économiques
Alternatives Economiques n° 314 - juin 2012
David Dornbusch, président de Cleantuesday, expert des questions énergétiques et candidat socialiste dans la 6e circonscription (Fontenay-sous-Bois, Saint-Mandé, Vincennes) du Val-de-Marne |
Les cleantech (énergies renouvelables, efficacité énergétique, smart grid,
écotechnologies, éco-mobilité, etc.) sont d'ores et déjà un secteur
d'activité majeur avec près de 300 milliards de dollars
d'investissements dans le monde en 2011.
Mais pour l'instant, ce
développement profite très peu à l'économie française, qui est seulement
le dixième pays dans ce domaine, loin derrière les Etats-Unis, la
Chine, l'Allemagne ou même le Danemark, et qui ne dispose d'aucune start-up majeure.
Les
raisons de ce retard sont multiples et connues.
Il est inutile de rêver
reproduire en France la prodigieuse machine privée américaine à innover
et à risquer du capital. On ne recréera pas non plus un tissu
industriel d'entreprises de taille intermédiaire à l'allemande en
l'espace quelques mois. Enfin, le libéralo-étatisme chinois et ses
crédits faciles nous sont inaccessibles.
Pour ne rien arranger,
l'action des pouvoirs publics français a été ces dernières années au
mieux inutile, avec de faibles moyens saupoudrés dans des programmes
trop nombreux, notamment au niveau des pôles de compétitivité.
Quand
elle n'a pas été simplement nuisible, comme avec la tristement célèbre
loi Grenelle II, qui a en réalité signé l'acte de décès du solaire et de
l'éolien en France. Le récent programme d'éolien offshore peine à
rassurer sur l'avenir tant son caractère " gaullo-pompidolien ",
centralisé et étatisé, suscite au XXIe siècle de forts doutes quant à sa
pertinence et à son efficacité.
Les collectivités locales tentent bien
de jouer un rôle pour développer ces activités, mais elles sont
malheureusement bridées par un code des marchés publics défavorable à
l'innovation et par un déficit de moyens financiers et de ressources
humaines qualifiées.
Alors existe-t-il quand même un espoir ?
On a
vu se dessiner ces dernières années l'embryon de ce qui pourrait
devenir un modèle de développement français des cleantech. Les
grands groupes industriels du CAC sont le " maillon fort " de l'économie
française : leur puissance commerciale et financière n'a sans doute
jamais été aussi importante qu'aujourd'hui. Mais ces groupes ont un
besoin urgent d'innovations cleantech pour survivre sur les
marchés mondiaux.
Un des moyens pour eux d'y accéder rapidement consiste
à établir des liens plus étroits avec les start-up qui
développent des projets de ruptures technologiques. Leur force de frappe
marketing et commerciale mondiale est alors sans égale pour trouver des
débouchés à ces innovations.
De leur côté, les fonds
d'investissement ont été, jusqu'ici en France, surtout des réseaux de
diffusion de produits défiscalisés.
En se rapprochant des grands groupes
pour croiser leurs capacités d'expertise technologique et business
avec celles de leurs partenaires industriels, ils peuvent prendre une
nouvelle dimension, jouant le rôle de détection de l'innovation cleantech.
Ainsi pourrait se développer un écosystème susceptible de nous aider à
rattraper notre retard sans solliciter à l'excès l'argent des
contribuables. A suivre de près.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire